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Médicament vétérinaire et réduction des émissions animales de Gaz à Effet de Serre (GES)

Infographie
PUBLIÉ LE 31 OCTOBRE 2022


Médicament vétérinaire et réduction des émissions animales de Gaz à Effet de Serre (GES)

 

Analyse du rapport de la FAO « The role of animal health in national climate commitments » 

par le DV Christophe Le sueur

 


Publié en 2022, le rapport de la FAO « Rôle de la santé animale dans les engagements climatiques nationaux » (The role of animal health in national climate commitments) met pour la première fois l’accent sur les bénéfices de l’amélioration de la santé animale sur la réduction des GES.

 

Il souligne les défis persistants en termes de mesure, de rapportage et de vérification des données correspondantes (MRV), car il n'existe actuellement aucun moyen standardisé permettant d'inclure ces bénéfices dans les approches couramment utilisées par les différentes administrations pour quantifier les émissions de GES. 

Des recommandations d’ordre méthodologique concernant l’approche Mesures de Rapportage et de Vérification sont présentées.

A travers des études de cas concrets, le rapport établit, entre autres, l’intérêt de campagnes de vaccination comme levier de réduction des GES en association avec les mesures zootechniques classiques.

 

Les points clés de ce rapport sont les suivants (voir aussi schéma ci-après) :

 

  1. En général, l'impact des interventions permettant l’amélioration de la santé animale n'est pas inclus dans les inventaires nationaux d’émissions de GES et les programmes nationaux de réduction de GES.
  2. Des méthodologies de niveau 2 (type TIER 2 (IPCC / GIEC)) et supérieur sont nécessaires pour estimer les réductions d’émissions de GES dues à l'amélioration de la santé animale
  3. Un système de collecte et de maintenance des données incluant tous les acteurs de la filière doit être mis en place.
  4. L’analyse de la réduction des émissions indirectes dues à l'amélioration de la santé animale (par ex. changements dans la consommation d'aliments, l'utilisation des pâturages, l'utilisation de l'énergie) nécessite de raisonner à l’échelle du cycle de vie, en appliquant une approche multi-systèmes. 
  5. La capacité de calcul des émissions des GES par les gouvernements et les partenaires de la filière doit être renforcée avec la méthodologie de niveau 2 et comptabiliser l'impact des variations d’émissions tout au long de la chaîne de valeur.
  6. Les engagements institutionnels doivent prendre en compte tous les acteurs de la filière, y compris la recherche et le milieu universitaire ainsi que le secteur privé (industrie).

En France, plusieurs outils de modélisation et de suivi des émissions des GES ont été développés par la filière bovine, notamment à l’initiative de l’IDELE, l’ADEME et de l’INRAE (Climagri, GESEBOV, CAP’2ER, CARBON DAIRY pour la production laitière bovine et BEEF CARBON pour la production de viande bovine). 

  • Parmi les leviers de réduction des GES bovins, les mesures proposées pour la santé animale concernent souvent des paramètres zootechniques (ex. : Limiter la mortalité des veaux (logement, alimentation), améliorer la productivité numérique, réduire l’âge au premier vêlage, gérer les problèmes sanitaires qui pénalisent la production (mammites, boiteries), réformer dès que possible les animaux improductifs (vaches vides)) (13). 
  • Le rôle du médicament dans l’analyse paramétrique de la santé animale et la réduction des GES ne fait actuellement pas l’objet d’un suivi spécifique.

 

Par son action sur la mortalité, la morbidité et la productivité, le médicament vétérinaire constitue clairement un levier de réduction des émissions de GES. 

 

Le rapport de la FAO (« The role of animal health in national climate commitments ») fait notamment état d’une action significative sur la réduction d’émission des GES: 

  • De la vaccination (jusqu’à -59%) et
  • Du traitement anthelminthique (jusqu’à -18%)

 

Pour autant, l’évaluation de l’impact du médicament vétérinaire et des traitements préventifs ou curatifs comme outils de réduction des émissions de GES ne fait pas encore l’objet d’un suivi régulier.

Le vaccin est un médicament dont l’impact environnemental est quasi nul et dont le rapport coût/bénéfice est particulièrement favorable pour la santé animale. Sa mise en œuvre comme contributeur à la réduction des émissions de GES ouvre de nouvelles opportunités. Avec son Observatoire national de la vaccination des animaux, le SIMV dispose d’une base de données précise permettant de suivre le niveau de protection vaccinale des différentes populations animales en France.

Une réflexion similaire appliquée à d’autres classes de médicaments (ex. anthelminthiques) apparaît prometteuse.